FEDERATION P.D.G SENEGAL

posté le 17-09-2013 à 07:57:49

Ali BONGO ONDIMBA: "La seule chose qui compte, ce sont les résultats"

Bilan, réformes, opposition, pouvoir, critiques, crimes rituels, Mali, islamisme, François Hollande... Quatre ans après son élection, le chef de l'État gabonais répond sans détour aux grandes questions du moment.
 

 

En octobre prochain, Ali Bongo Ondimba (ABO) fêtera ses quatre ans à la tête du Gabon. Quatre années de réformes au pas de charge, pas toujours comprises ou digérées, pour réveiller un pays profondément endormi, vautré dans le relatif confort autorisé par la manne pétrolière et la politique politicienne. Car ici, il n'y a guère d'affrontements doctrinaires ou de débats de fond. La vie politique s'est longtemps résumée à un jeu de chaises musicales, un grand marché de troc où l'on s'échangeait postes, prébendes et privilèges et où l'on claquait la porte du parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG), pour rejoindre le camp d'en face dès lors que son statut social, et donc son portefeuille, était touché.

 

Héritier présumé d'un système mis en place par son emblématique père, Ali Bongo Ondimba a surpris tous ceux qui s'attendaient à ce qu'il maintienne les us et coutumes d'un pouvoir qui, sur la fin, brillait surtout par l'extraordinaire force d'inertie qui maintenait les grands équilibres ethniques et régionaux et interdisait toute dynamique de changement. Ses premiers pas ? Une série de coups de pied dans la fourmilière. Sévères remises en question de positions jusqu'ici gravées dans le marbre, mises à l'écart de ténors, audits lancés, rigueur instaurée, impératifs et objectifs concrets fixés, arrivée d'une nouvelle génération au pouvoir : la belle endormie gabonaise a été réveillée à coup de gifles...

 

"Ali", lui, a une vision pour son pays, élaborée et déclinée à travers le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) : industrialisation, diversification d'une économie trop dépendante des seules matières premières - par ailleurs pas ou peu transformées localement -, développement durable, lancement de très nombreux chantiers destinés à rattraper un retard criant en matière d'infrastructures, rédaction de feuilles de route sectorielles détaillées, création d'agences pour épauler (et surveiller) les ministères. Reste la question essentielle du degré de réalisation de ce plan et de son efficacité. Car le Gabon reste le Gabon : un pays gâté par la nature où le goût du travail cède souvent la place au culte de l'argent facile. Un petit émirat tropical où tout le monde se connaît, où les batailles se livrent en coulisses et où le mot "changement" ressemble à une menace pour les nantis. Chassez le naturel, et il revient au galop... Ali Bongo Ondimba n'est peut-être pas suffisamment allé au bout de sa démarche de rupture, de crainte certainement que le cocotier ainsi secoué ne finisse par s'effondrer. Il est aujourd'hui au milieu du gué et il lui reste un peu moins d'une moitié de mandat pour trouver un second souffle et tenir ses nombreuses promesses.

 

ABO a pris volontairement du recul, depuis un an, confrontant le gouvernement Ndong Sima à ses responsabilités. C'est peu dire qu'il est déçu. Il semble donc peu probable que le Premier ministre s'éternise à son poste. Reste à trouver l'oiseau rare pour le remplacer : un Fang d'Oyem, selon toute vraisemblance, un homme (ou une femme, rêvons un peu) compétent et de devoir qui ne se mette pas en tête de devenir calife à la place du calife. Le chef de l'État ne le sait que trop bien : les Gabonais n'ont cure des querelles partisanes des dirigeants politiques. Ils veulent du concret, du pouvoir d'achat, des classes pour accueillir leurs enfants dans des conditions décentes, pouvoir être soignés, se déplacer sans y laisser le quart de leur salaire, manger à leur faim, pouvoir se loger. Car ce n'est pas parce qu'il n'a plus d'opposants de poids face à lui que la présidentielle de 2016 sera une sinécure. "Ali" s'est créé beaucoup d'ennemis, y compris dans son propre camp, parmi tous ceux qui ne goûtent guère d'avoir été mis de côté et qui regrettent la légendaire prodigalité de son père. À l'inverse, s'il atteint ses objectifs, il aura un boulevard devant lui...

 

Jeune Afrique : Les attentes des Gabonais sont importantes, à la mesure des promesses qui leur ont été faites pendant la campagne de 2009. Vous êtes déjà à mi-mandat. Quel bilan tirez-vous de cette période ?

 

Ali Bongo : Nous avons répondu en grande partie à la problématique des infrastructures routières, vitales sur le plan économique. Notre développement repose sur trois piliers : l'industrie, le développement durable, notion sur laquelle nous sommes pionniers en Afrique, et les services. L'objectif global étant le passage d'une économie de rente pétrolière à une économie diversifiée. D'où notre souci, pas toujours compris bien que cela ressemble à une évidence, d'inciter - pour ne pas dire obliger - à plus de transformations locales. Dans un pays comme le nôtre, les réformes prennent beaucoup de temps. Nous sommes sur la bonne voie, même si, il faut le reconnaître, nous avons rencontré de nombreuses difficultés et nous sommes parfois trompés. Je l'assume : mieux vaut agir, quitte à échouer, que de ne rien faire. Nous avons sous-estimé un certain nombre de paramètres ou d'écueils, n'avons pas toujours pris les bonnes décisions. Mais nous l'avons toujours fait en notre âme et conscience, pour l'intérêt général. Et aujourd'hui, nous savons parfaitement ce qui doit être corrigé.

 

Quels sont, par exemple, les chantiers qu'il vous reste à achever ?

 

En matière de logement, il est évident que je ne suis pas satisfait : nous avons pris beaucoup de retard par rapport aux engagements formulés pendant la campagne présidentielle (5 000 unités construites par an). Mais nous sommes en train de le rattraper. La santé est l'un des secteurs pour lesquels nous devons également poursuivre nos efforts et nos investissements. La mise en place de la CNAMGS - l'assurance-maladie - a représenté une véritable avancée. Mais si construire des hôpitaux, c'est bien, encore faut-il qu'ils soient bien gérés, avec un personnel soignant en nombre suffisant et bien formé. Sur l'éducation et la formation professionnelle, nous avons là aussi consenti d'importants investissements en matière d'infra­structures, mais nous nous heurtons à la même difficulté : les ressources humaines et le nombre largement insuffisant d'enseignants disponibles ou en voie de l'être. En résumé, nous progressons, dans de nombreux domaines. Mais nous sommes loin de nos objectifs, j'en ai conscience. Le plus difficile est cependant derrière nous : faire évoluer les mentalités, mettre fin à l'inertie qui frappait le pays et lancer les nombreux chantiers et réformes que nous souhaitions mettre en œuvre.

 

 

Pensez-vous disposer des ressources nécessaires autour de vous pour mener à bien vos projets ?

 

C'est là le défi de n'importe quel dirigeant. Aujourd'hui, l'important est d'identifier les compétences, qu'elles se trouvent chez vous ou ailleurs. La seule chose qui compte, ce sont les résultats.

 

On vous reproche justement d'avoir trop recours à des étrangers, africains ou non...

 

Si des non-Gabonais peuvent m'aider à faire en sorte que les Gabonais soient plus heureux, je ne vois pas bien où est le problème. Nous n'allons d'ailleurs pas chercher à l'extérieur ce que nous pourrions trouver sur place. Soyons modestes : nous n'avons pas la science infuse et avons parfois besoin, surtout dans cette phase de rupture et de réformes urgentes, de nous faire assister, à condition bien sûr qu'il y ait transfert de compétences.

 

Votre arrivée au pouvoir a coïncidé avec une sévère remise en cause des pratiques en vigueur par le passé, des baronnies et des nombreux privilèges. De quoi susciter des vocations d'opposants. Certains pensent même que la menace pour la présidentielle de 2016 vient désormais de votre propre camp...

 

Ce n'est pas nouveau. La vie politique du Gabon a toujours été ainsi : ceux qui perdent leurs situations et avantages basculent dans l'opposition jusqu'à ce qu'ils les récupèrent. Malheureusement, ces funambules de la politique n'ont pas compris que les temps ont changé.

 

L'opposition gabonaise s'est considérablement affaiblie depuis le décès de Pierre Mamboundou et la maladie d'André Mba Obame. Sans parler de son absence à l'Assemblée nationale à la suite du boycott des législatives du 17 décembre 2011. Peut-elle se renforcer, selon vous, d'ici à 2016 ?

 

L'opposition ne peut pas se réduire à une ou deux personnes. Une chose est sûre, la politique de la chaise vide ne paie jamais : c'était une erreur de ne pas siéger à l'Assemblée. J'espère que la leçon a été retenue. Mais ce n'est pas parce qu'elle y est absente qu'on ne l'entend pas... Et c'est tant mieux : nombre de Gabonaises et de Gabonais ont un point de vue différent du mien. Il faut bien que quelqu'un les représente.

 

Les principaux reproches que vos opposants formulent concernent la démocratie, la gouvernance ou la corruption. Que leur répondez-vous ?

 

Ils font leur travail. Mais encore faut-il que ces reproches soient étayés. Je ne reviendrai pas sur le curriculum vitæ de certains de ces opposants, qui ont visiblement la mémoire courte. Quand j'entends leurs cris d'orfraie sur les thèmes que vous venez d'évoquer, alors qu'eux-mêmes à une certaine époque, quand ils étaient au pouvoir, se comportaient comme des dictateurs et des brigands sans foi ni loi, je souris. Cela m'étonne d'ailleurs qu'on les écoute encore. Tout pays a besoin d'une opposition vigoureuse, active et responsable. Si la nôtre pouvait enfin devenir force de propositions et faire part aux Gabonais de ses projets pour le pays, ce serait parfait... Les attaques au ras des pâquerettes, les insultes ou l'invective ne peuvent suffire.

 

Une partie de la société civile, souvent virulente à votre égard, est en pleine ébullition. On assiste à une véritable guerre des chefs et à la contestation de son héraut, Marc Ona Essangui. Voilà qui doit vous arranger...

 

On ne récolte que ce que l'on a semé. J'ai cru comprendre qu'il lui était reproché de dépasser la sphère qui devrait être la sienne, la société civile, donc, pour faire de la politique. Ce que j'ai d'ailleurs toujours dénoncé, car ce n'était pas sain. Nous l'avons toujours invité, lui et quelques autres, à franchir clairement le pas au lieu de se réfugier derrière ce voile bien commode.

 

Comment envisagez-vous le prochain scrutin, les élections locales prévues en novembre ?

 

Sereinement. Nous avons reçu l'ensemble de la classe politique pour discuter de ce scrutin, et déterminer ensemble ce qu'il convenait de mettre en place pour en garantir la transparence et la réussite. J'ai créé des commissions pour travailler à l'application d'un certain nombre de revendications et de recommandations. La plupart ont été retenues, d'autres pas, mais cela s'est fait dans la discussion.

 

Êtes-vous confiant pour votre parti, le PDG ?

 

Je dispose d'un parti qui fonctionne très bien et qui est prêt à relever ce défi, donc oui.

 

Le PDG a tenu son 10e congrès en avril. De grandes réformes ont été annoncées. On a même entendu parler d'un changement de dénomination, à l'image de ce que le président togolais Faure Gnassingbé a fait avec son parti, lui aussi historique et hérité de son père. Il n'en a finalement rien été. Il était urgent d'attendre ?

 

Ce sont vos confrères qui ont parlé de cela mais pas nous. Il n'en a même jamais été question. Une seule chose était à l'ordre du jour : amener davantage de démocratie au sein de l'appareil. C'est ce qui a été fait. Et les instances dirigeantes du parti ont été renouvelées de manière importante.

 

Plusieurs caciques du parti, véritables barons sous votre père, comme Paul Toungui, Jean Ping ou Idriss Ngari, n'ont pas été reconduits dans leurs fonctions, notamment au sein du bureau politique. N'est-ce pas périlleux, car susceptible de créer des tensions internes, voire des dissidences ?

 

Avant, les candidats étaient cooptés par le sommet du parti. Aujourd'hui, ils sont désignés par la base. Aucun dirigeant ne peut considérer qu'il occupe ses fonctions ad vitam æternam. Et à l'issue de ce congrès, vous n'avez pas entendu de claquements de porte, que je sache.

 

 

En quoi concrètement le PDG a-t-il changé sous votre présidence ?

 

Je ne me pose pas la question en ces termes. Avec ou sans moi, le PDG devait évoluer : nouvelles générations, nouvelles élites, autres idées ou méthodes. Lors des élections législatives, nous avons renouvelé près de 50 % de nos candidats. Ce mouvement s'est donc naturellement poursuivi au niveau des instances dirigeantes du parti.

 

Vous avez nommé un nouveau Premier ministre, Raymond Ndong Sima, en février 2012. Êtes-vous satisfait de son action et de son gouvernement ?

 

Ce gouvernement a réussi un certain nombre de missions, comme l'amélioration des équilibres macroéconomiques, la réforme du secteur bois ou la construction de structures sanitaires. D'autres beaucoup moins, nous en avons parlé. Les Gabonais attendent des réponses claires du gouvernement sur la sécurité, l'eau, l'emploi, l'éducation ou la santé.

 

Ces échecs seraient-ils de nature à remettre en cause la mission de Ndong Sima ?

 

Ma réflexion est en cours...

 

On parle également de tensions entre les membres de votre cabinet et le Premier ministre. Votre porte-parole a fait une sortie assez remarquée contre lui, expliquant que s'il n'était pas content, personne ne le retenait...

 

Le porte-parole auquel vous faites allusion a certainement traduit le mécontentement qui est le mien par rapport à un certain nombre de domaines dans lesquels je trouve l'action du gouvernement lente ou inefficace. Mais il ne peut y avoir de tensions. Le Premier ministre est là pour appliquer le programme sur lequel le président a été élu. Si le président n'est pas content, ce Premier ministre ne reste pas, point. Maintenant, entre les équipes qui travaillent, celles du président, du Premier ministre ou du gouvernement, il peut exister des divergences. Il n'y a rien de fondamentalement grave en cela.

 

Comprenez-vous les Gabonais qui pensent que les politiques, de quelque bord qu'ils soient, ne représentent qu'une caste de privilégiés qui n'ont qu'une idée en tête : se disputer un gâteau qu'ils ne partageront jamais avec la population ?

 

Il est difficile de ne pas comprendre ce point de vue. Les sujets de dispute ou les débats sont souvent assez éloignés des préoccupations de la population. Elle n'arrive plus à suivre les carrières des uns et des autres, véritables girouettes, un jour au parti au pouvoir, le lendemain dans l'opposition, et qui multiplient ainsi les allers retours en fonction de leurs intérêts personnels. Nos politiques oublient trop souvent, en outre, que si la critique est nécessaire, elle ne peut être suffisante. Encore faut-il présenter une alternative, des propositions concrètes, un projet. Nous observons donc - et c'est un phénomène qui ne concerne pas uniquement le Gabon - une forte abstention, le développement d'une vraie lassitude, pour ne pas dire défiance, vis-à-vis du monde politique, au profit d'une société civile plus dynamique et concrète.

 

Quelles sont les conséquences de la crise européenne, et plus globalement du ralentissement de la croissance mondiale sur l'économie gabonaise ?

 

Jusqu'à présent, nous avons été relativement épargnés par la crise économique. Mais si celle-ci perdure... L'Europe n'est pas sortie d'affaire, la Chine ou les autres pays émergents achètent moins, notamment sur le plan minier ou pétrolier, l'investissement direct étranger fléchit. Raison de plus, même si ce contexte ne facilite pas les choses, pour accélérer nos réformes et diversifier notre économie mais aussi nos partenaires. Notamment en développant une coopération Sud-Sud, comme nous le faisons avec des pays d'Asie, mais aussi d'autres plus proches de nous, comme le Maroc.

 

Cette quête de nouveaux débouchés n'est-elle pas de nature à froisser vos partenaires historiques, en particulier la France, qui ne doit pas voir d'un très bon œil l'arrivée de concurrents de poids ?

 

Aujourd'hui, nous vivons dans un monde où règne une compétition acharnée. Aucune situation n'est acquise. Nous avons certes un partenaire traditionnel, la France, avec lequel nous nous entendons très bien. Mais s'ouvrir à de nouveaux horizons ne signifie en rien abandonner ceux avec qui nous travaillons déjà depuis longtemps. La France elle-même diversifie ses partenaires en Afrique, au-delà de son ancien pré carré francophone.

 

En février dernier, le Gabon a été exclu de l'Initiative pour la transparence des industries extractives (Itie) pour non-respect du rythme de publication des rapports. Que s'est-il réellement passé ?

 

C'est le fruit du mauvais travail de quelques-uns de nos responsables. Il ne s'agit en aucun cas d'une volonté délibérée du Gabon de se soustraire à ses obligations. D'autant plus que c'est nous qui, à l'époque, sommes allés vers l'Itie, alors que rien ne nous y obligeait. Aujourd'hui, nous sommes en train de revoir ce dossier pour corriger ce qui doit l'être. Je ne vous cache pas que ce fut un épisode extrêmement désagréable, qui a donné une mauvaise perception du Gabon, comme si nous avions voulu déguiser ou camoufler quelque chose.

 

 

Selon vous, la crise malienne a-t-elle définitivement pris fin avec l'élection d'Ibrahim Boubacar Keïta, le 11 août ?

 

C'est en tout cas un pas extrêmement important, une grande victoire pour la démocratie, alors que beaucoup de sceptiques pensaient une élection au Mali impossible dans ces circonstances. Ce n'est que la première pierre d'un édifice qui sera long à reconstruire. Mais Ibrahim Boubacar Keïta, largement élu, légitime, soutenu par sa population et par la communauté internationale, a toutes les cartes en main pour réussir.

 

Ce qui est arrivé au Mali peut-il se reproduire ailleurs sur le continent ?

 

Malheureusement, oui. Il faut être vigilant. Les chefs d'État africains doivent se concerter davantage et se soutenir.

 

Lors de l'interview que vous nous avez accordée l'année dernière, à propos de l'arrivée au pouvoir des islamistes en Tunisie ou en Égypte, vous déclariez qu'il fallait leur laisser une chance et les juger une fois leur apprentissage achevé. Comment analysez-vous les crises égyptienne et tunisienne ?

 

Loin de moi l'idée de vouloir donner des leçons à qui que ce soit, d'autant qu'il s'agit de situations pour le moins complexes, qu'on a tendance à caricaturer. Et bien malin qui pourra prédire l'avenir des révolutions en Afrique du Nord. Je sais en revanche qu'un an, en politique, c'est court. Toutes ces années dans l'opposition, en prison ou en exil, ne prédisposent pas à diriger un État. L'important, dans les phases que traversent ces pays, c'est donc la concertation, le dialogue et l'union nationale, seuls viatiques pour régler des problèmes de fond, politiques mais surtout économiques et sociaux, avec efficacité et équité.

 

L'islam politique a-t-il encore un avenir ?

 

La religion ne devrait pas être utilisée en politique, elle doit être un élément consensuel et non pas un facteur de divisions. Et chacun devrait être libre de son rapport à la religion. Mais pour en revenir à votre question, je n'ai pas de boule de cristal. Je constate juste que les partis en question ont remporté les élections. Même s'ils ne jouissent plus du même soutien qu'à l'époque, et s'ils ont pu décevoir, je ne vois aucune raison qui les pousserait hors de la scène politique.

 

Dans cette même interview, vous disiez attendre des réformes de l'Union africaine. Vous évoquiez notamment le financement de l'institution et des ordres du jour kilométriques lors des sommets, qui ne permettaient pas de traiter les points importants sauf à les survoler... Un an après l'élection de Nkosazana Dlamini-Zuma à la tête de la Commission, les choses ont-elles évolué dans le sens que vous souhaitiez ?

Mme Zuma connaît notre point de vue. Elle a fait le tour de la boutique, comme on dit, et a écouté de nombreux chefs d'État, qui ont exprimé ce désir de changement. Je crois que nous sommes tous d'accord pour lui laisser une année de grâce.

 

L'arrivée au pouvoir de François Hollande, en mai 2012, a-t-elle modifié la relation entre la France et le Gabon ?

 

Les relations que nous entretenons avec la République française sont anciennes, solides, et ne dépendent pas des hommes. Chacun y amène son style, mais le plus important c'est qu'elles bénéficient à nos populations respectives. C'est dans cet esprit que François Hollande et moi travaillons.

 

Les relations personnelles permettent de se dire les choses plus franchement, parfois d'obtenir plus. Hollande n'est pas Sarkozy, dont vous étiez plus proche...

 

Une relation, cela se construit. Il faut prendre le temps de se connaître.

 

Vous vous connaissez mieux aujourd'hui ?

 

Bien sûr, et les choses se passent très bien.

 

Il y a quand même quelques nuages entre la France et le Gabon : vos opposants misent beaucoup sur Paris pour faire pression sur vous. Il y a aussi l'affaire dite des biens mal acquis...

 

Cela n'est pas du fait de François Hollande. Nos opposants ont toujours écrit aux présidents français, avec des fortunes diverses. Cela veut bien dire qu'il y a encore, malheureusement, des compatriotes qui n'ont pas compris que les choses ont changé. Aujourd'hui, les questions gabonaises se traitent au Gabon. Et ce sont les Gabonais qui mettent le bulletin dans l'urne.

 

Concernant l'affaire des biens mal acquis, où en est la procédure actuellement ?

 

C'est un sujet pour lequel j'ai déjà indiqué l'intérêt qu'il suscitait chez moi : proche du néant. Nous avons tous autre chose à faire. Y compris ces pauvres juges, qui se mêlent de questions qui ne les regardent pas puisqu'elles concernent les Gabonais.

 

Vous avez pourtant changé d'avocats pour suivre ce dossier. Preuve que vous vous en préoccupez malgré tout...

 

Nous n'avons pas changé d'avocats, nous avons complété le dispositif de ceux qui gèrent la procédure. Je continue de dire que c'est une affaire qui, personnellement, ne me concerne pas. Sauf à inventer un nouveau délit, celui de patronyme...

 

 

Des crimes rituels particulièrement odieux se sont multipliés ces derniers mois, suscitant une vive inquiétude au sein de la population. Comment expliquez-vous ce phénomène et comment y mettre fin ?

 

Nous avons tous été choqués par l'atrocité des crimes commis. Cela a créé une psychose que nous pouvons aisément comprendre. Donc, nous mettons tous les moyens en œuvre pour combattre la criminalité, toute la criminalité. Cela signifie plus de moyens d'investigation, y compris en ayant recours aux techniques modernes de la police scientifique, mais aussi au niveau de la justice. Il faut traduire puis juger les auteurs et mettre hors d'état de nuire les coupables. C'est simple à dire comme cela, mais cela n'a pas été suffisamment fait. Nos tribunaux sont engorgés, nos prisons surpeuplées, les délais entre arrestations et jugements trop longs. Nous sommes en train de remédier à tout cela, notamment en faisant appel à des experts internationaux. Attention cependant à l'instrumentalisation politique de ces crimes, qui frise l'inconscience.

 

Quatre ans après votre élection, qu'avez-vous appris sur l'exercice du pouvoir ?

 

Il faut s'armer de patience, ce qui n'est pas forcément ma qualité première [rires]... On apprend que les choses ne vont jamais aussi vite qu'on le souhaiterait. Pour le reste, on ne peut pas dire que j'ai fait de véritable découverte : j'étais à bonne école.

 

Êtes-vous toujours autant comparé à votre père ?

 

Ça ne s'arrêtera jamais...

 

Cela vous gêne ?

 

Non. Je ne serai jamais Omar Bongo Ondimba et je ne cherche pas à l'être. Je m'inspire de son œuvre, de ce qu'il a fait. Mais autres temps, autres mœurs. Il faut aujourd'hui s'adapter et faire les choses différemment.

 

S'il vous observait de là où il est, que penserait-il ?

 

Il me dirait de travailler encore plus. Il a toujours estimé que je devais travailler beaucoup plus.

 

Vos relations avec votre sœur Pascaline sont l'objet de rumeurs depuis votre élection. Elles seraient froides, pour ne pas dire plus...

 

Comme vous dites, ce sont des rumeurs. On veut inventer une espèce de Dallas gabonais, cela doit faire vendre. Il n'y a rien de tout cela.

 

Votre directeur de cabinet, Maixent Accrombessi, est attaqué par vos opposants, notamment par André Mba Obame et d'ex-figures de l'ancien système. Comment le vivez-vous ?

 

La seule chose qui m'importe est qu'il fasse ce que j'attends de lui. Ceux qui lui crient dessus ne sont pas ses patrons.

 

La présidentielle de 2009 avait été marquée par un net repli identitaire. En résumé, les candidats fangs face à vous. Pensez-vous que la situation a évolué ?

 

Oui, nécessairement. D'abord parce qu'un certain nombre de mes compatriotes ne me connaissaient pas et avaient à l'époque des a priori sur moi. Lorsque vous êtes dans l'incertitude, généralement, vous vous repliez vers quelque chose que vous pensez connaître. Un parti, une religion, une ethnie. C'est ce que certains ont fait. Aujourd'hui, les choses se passeraient différemment.

 

Comment envisagez-vous la présidentielle de 2016, à laquelle personne ne doute que vous serez candidat ?

 

Je vais vous répondre ce que mon père aurait dit : la dernière chose à faire est de penser à la prochaine élection. Ma priorité c'est de faire mon travail et de remplir mes engagements, avant de penser à 2016.

 

Source : JEUNEAFRIQUE

 

 

 


 
 
 
 


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posté le 08-09-2013 à 15:26:25

VISITES DE SECTIONS DU BUREAU FEDERAL

 

 

A la suite de la réunion Bureau Fédéral/secrétaires de sections 23 août 2013, il avait été retenu que le Bureau Fédéral sensibilise les militants sur les nouveaux statuts.

 

C'est dans cette optique que le Camarade Secrétaire Fédéral entame ce jour sa tournée en vue d'une causerie avec la base sur les nouveaux statuts du Parti. Il sera accompagné des membres présents au Sénégal de son bureau.

 

Il s'agira  d'éclairer les militantes et les militants sur les nouvelles dispositions statutaires, notamment celles régissant les fédérations de l'Etranger.

 

Ce programme se déroulera comme suit:

  • dimanche 08 Septembre 2013 Section C;
  • samedi 14 septembre 2013 section A;
  • dimanche 15 septembre 2013 Section D;
  • samedi 21 septembre 2013, section B;
  • dimanche 22 septembre 2013, section E 
Les camarades de sections sont conviés nombreux à ces séances de partage.
 
Le Bureau Fédéral
 

 

 

 


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posté le 05-06-2013 à 12:30:22

INTERWIEW DU CAMARADE VIVIEN PEA DELEGUE NATIONAL UJPDG

Libreville, Mardi 4 Juin 2013 (Infos Gabon) – Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction, Vivien PEA MAKAGA, le nouveau Délégué National de l’Union des Jeunes du Parti Démocratique Gabonais (UJPDG, au pouvoir) est revenu sur la grève de la faim des pré-recalés du Bac 2013, la situation de la jeunesse gabonaise et la vision du Président Ali Bongo Ondimba pour eux, ainsi que le Parti Démocratique Gabonais d’aujourd’hui.


Infos Gabon : Monsieur Vivien Patrice Lloyd Amos MAKAGA PEA, Bonjour. Durant plusieurs jours, les élèves exclus des épreuves du baccalauréat ont observé une grève de la faim. Qu’est ce qui vous a motivé à les rencontrer ?

Vivien Pea : Merci de me permettre de m’exprimer sur cette question là. Il s’agit en effet d’une situation que j’ai d’abord observée à distance car, lorsque le Ministère de l’Education Nationale a pris cette décision je n’étais pas à Libreville, mais à Genève dans le cadre de mes activités professionnelles. Toutefois, je suivais avec beaucoup d’intérêt l’évolution de ce dossier, aussi bien les grèves menées par les élèves, leurs parents et les syndicats, que les différentes interventions du Ministre Séraphin MOUNDOUNGA dans la presse qui a expliqué avec plausibilité, le bien fondé de sa décision. Mais en réalité ce qui m’a amené à m’impliquer dans ce dossier, c’est à titre principal, l’appel qui m’a été lancé par ces jeunes lycéens.

Ensuite c’est par devoir patriotique que j’ai bien voulu répondre à l’appel qu’ils m’ont lancé, mais aussi en tant que militant PDG puisque c’est en vertu de mes fonctions de Délégué National de l’Union des Jeunes du Parti Démocratique Gabonais que ces jeunes m’ont sollicité. A ce moment là, je n’avais plus d’autres choix que de m’impliquer en me rendant aussitôt sur les lieux de la grève pour les écouter, après leur passage au siège du PDG où ils ont été reçus par un de mes collègues du secrétariat exécutif, avant de demander à me rencontrer.

Naturellement, j’ai répondu à cet appel. Ils m’ont exposé leur problème et expliqué la situation dans laquelle la plupart d’entre eux se trouvait en me demandant d’être leur médiateur auprès des plus hautes autorités, dont le Ministre de l’Education nationale mais par dessus tout le Président de la République. Lors de mon passage à Sainte Marie, j’ai souscrit à l’engagement de me tourner vers le Ministre de tutelle qui m’a fait l’honneur de me recevoir en audience la semaine qui a suivi, et m’a donné les différentes sur lesquelles se fondait sa décision.

Comme je le disais c’est le devoir patriotique qui m’a animé et surtout la sensibilité que j’ai éprouvée au regard du cri de détresse que ces jeunes compatriotes ont lancé bien qu’ayant reconnu pour certains comme infraction pénale grave, la de fraude, la falsification, le faux et usage de faux. Cela m’a conforté dans l’idée qu’ils mesuraient quand même la gravité de ces infractions mais ont en revanche demandé que leurs dossiers soient réexaminés, dans la mesure où d’aucuns ne semblaient pas se reconnaître dans les griefs formulés par le ministre de tutelle. Au cours de notre échange, le ministre m’a confirmé que certains arguments opposés par les élèves pouvaient permettre de les réhabiliter si jamais ils se trouvaient dans les cas de figure prévus par la loi ou le règlement, en l’occurrence le passage en classe supérieure par indulgence du conseil de classe lorsque la moyenne de l’élève varie entre 9,5 et 10/20. Il s’agit d’une décision ministérielle datant de 1987, toujours en vigueur. Si réellement parmi les élèves exclus figurent ce type de cas, je pense que le rôle de la Commission qui a été mise en place par le Chef de l’Etat sera de les identifier et proposer leur réhabilitation avant de laisser le reste à l’arbitrage du Chef de l’Etat qui prendra la décision la plus judicieuse.

Infos Gabon : Après la décision du Chef de l’Etat dont vous êtes l’artisan, ces élèves ont décidé de lever leur mouvement. Comment avez-vous vécu cela étant donné que vous avez passé toute votre journée avec ces derniers. Comment avez-vous fait pour les convaincre de cesser leur grève de la faim et de rentrer chez eux puisque la décision finale n’est pas encore tombée?

Vivien Pea : Je tiens d’abord à rappeler que le Président de la République a pris cette décision après avoir également consulté son Ministre de l’Education Nationale, et que même si je suis directement intervenu dans ce dossier, d’autres acteurs y ont largement contribué. Ensuite le fait que le Chef de l’Etat ait décidé de mettre en place une commission signifie qu’il se soucie beaucoup de sa Jeunesse et que malgré les griefs formulés contre ces élèves, il a voulu leur offrir l’occasion de prouver qu’ils étaient dans leur bon droit. C’est donc bien évidemment une lueur d’espoir pour chacun d’entre eux, étant donné que leur situation était irrémédiablement compromise, la décision était claire et les autorités ne comptaient pas reculer. Mais j’ai la faiblesse de penser également qu’au regard de la situation sanitaire devenue inquiétante des élèves grévistes et leurs conditions nutritionnelles, ces derniers ont choisi de manière responsable de lever leur mouvement, surtout par respect pour le Chef de l’Etat qui venait de leur accorder un sursis.

Il faut noter aussi que l’arrivée à Sainte Marie du Président de la Commission Spéciale, le doyen Antoine Depadoue Mboumbou Miyakou, a permis de faire comprendre à ces jeunes qu’une bonne partie du poids leur a été enlevée par le Chef de l’Etat et que par conséquent, ils n’avaient pas d’autres choix que de lui renvoyer l’ascenseur en regagnant leurs familles, évitant ainsi d’être encore plus exposés aux nombreux dangers qu’ils couraient en de pareilles circonstances, dont l’insécurité, les risques de paludisme causés par les piqûres de blattes, surtout qu’ils dormaient tous à la belle étoile sans manger. C’est aussi une des conditions qu’avait posé le président de la commission Antoine Depadoue Mboumbou Miyakou, qui, voulant travailler dans des conditions sereines, ne se sentait pas alaise tant que les enfants demeuraient dans de telles conditions.

A cela s’ajoutent des discussions houleuses bien que ne refusant pas de quitter la cour de Sainte Marie, les élèves souhaitaient passer une dernière soirée ensemble. Cependant en de pareilles circonstances, il faut garder à l’esprit qu’une décision a été prise l’Autorité Suprême, laquelle doit être mise en œuvre, l’opinion nationale et internationale témoins des événements observe la suite logique de cette décision qui devait logiquement déboucher sur un arrêt de la grève. Vous imaginez que ces jeunes restaient un jour de plus, cela aura été l’occasion pour certains hommes politiques ou peut être une personnalité dont la popularité se trouve en berne, de venir faire dans la manipulation des consciences, voire instrumentaliser cette soirée et à terme compromettre les travaux de la commission. Il fallait mettre un terme impérativement à ce mouvement le temps pour la commission de travailler et trouver la solution.

C’était assez difficile, car certaines personnes extérieures qui n’étaient pourtant pas présentes lorsque ces enfants mouraient de faim et exposaient leur vie au danger chaque jour, ont commencé à s’agiter et brandir le spectre de la manipulation comme l’on pouvait s’y attendre. Mais bien heureusement, nous sommes parvenus à raisonner les élèves qui, après une prière que j’ai d’ailleurs conduite à leur demande, sont rentrés chez eux. Personnellement, ce que j’ai recommandé à mes jeunes frères, c’est de ne pas faire attention à tout cela, et que c’était pour eux un grand pas, une première victoire que le Chef de l’Etat ait décidé de mettre en place une Commission.

Infos Gabon : Combien ces élèves vous remercient. Et comment avez-vous fait pour convaincre les autorités pour leur venir en aide, cela incarne-t-il une nouvelle façon de faire ?

Vivien Pea : Je pense que c’est d’abord mon tempérament, je suis quelqu’un de sensible et de nature humaniste. Il m’est arrivé d’être dans le désarroi et d’autres personnes m’ont secouru. Ceux qui me connaissent vous le diront, je n’aime pas voir la souffrance sous mes yeux. C’est aussi une affaire d’éducation parce que mes parents m’ont élevé de cette manière, m’ont appris à aller vers les autres, à aider mon prochain et à être attentif à tout cri de détresse, parce que je peux me retrouver dans la même situation ou un de mes proches. C’est vrai que j’ai été saisi en qualité de Délégué National de l’UJPDG et cela a eu forcément une influence car on dit que c’est l’homme qui fait la fonction. Mais ma nature personnelle joue beaucoup dans l’exercice de mes fonctions.

Peut être qu’il s’agit d’une nouvelle façon de faire aussi parce que j’estime qu’il faut rétablir cette confiance entre le Président de la République et sa Jeunesse. Comme nul n’en ignore, Ali BONGO ONDIMBA accorde une place importante et fondamentale à la Jeunesse. La dernière preuve en date, outre la décision qu’il vient de prendre au sujet de ces élèves, le 12 septembre 2012, devant le Parlement réuni en Congrès, il a décidé d’accorder 30% de suffrages au profit des jeunes et des femmes, preuve qu’aujourd’hui les jeunes sont réhabilités dans le rôle qui est le leur, c’est à dire partenaire à la décision politique. Tout cela participe d’une vision présidentielle, celle de faire en sorte que les problèmes ou les préoccupations des jeunes trouvent des solutions sans qu’il n’y ait de barrières entre lui et ces jeunes. Je crois en toute honnêteté et humilité que cela n’a forcément rien à voir avec le parti, bien qu’il ait été saisi.

Mais, c’est d’abord une démarche humaine, j’ai répondu en tant que grand frère, en tant qu’être humain sensible à la détresse d’autres jeunes. La proximité y est née, une petite complicité également, et je ne regrette pas de l’avoir fait, et s’il fallait le refaire, je le ferai.

Infos Gabon : En tant que délégué national de l’UJPDG, vous connaissez les problèmes des jeunes gabonais. Comment comptez-vous les résoudre, quelle est la stratégie que vous allez mettre en place pour que justement les jeunes soient au cœur des décisions ?

Vivien Pea : S’agissant de la manière avec laquelle je compte m’investir pour résoudre les problèmes des jeunes, nous envisageons au niveau de l’UJPDG de développer une politique de proximité avec nos jeunes compatriotes. C’est un pas important dans la démarche que nous voulons entreprendre pour rassembler les jeunes, les rassurer et leur redonner l’envie de croire en la politique et la faire autrement. Je crois qu’aujourd’hui, il y a une crise de confiance entre le politique et la jeunesse. Il faut déjà pouvoir rétablir cette confiance, ce qui n’est pas une chose facile. Une autre difficulté réside dans le fait que grossièrement on pense que les jeunes sont tout simplement des délinquants, ont des accidents de voiture, squattent les bars, ne votent pas aux élections, et investissent de temps à autres les rues de nos quartiers pour gesticuler et crier quelques slogans bien sentis. Autant de qualifications de la jeunesse qui renvoient à des réalités mais en occultent bien d’autres, en particulier le mode qui peut être le leur de participation à la vie politique et sociale. Ainsi, il semble difficile dans la société gabonaise d’appréhender cette question sans susciter des réactions. La plupart du temps, les aînés doutent et, plutôt que de s’inquiéter de l’état général de la démocratie, du comportement de leurs pairs, voire de leur propre engagement, ils se focalisent sur les attitudes des jeunes et transfèrent sur eux bien des problèmes.

La nouvelle donne qui, à mon sens doit puiser son essence dans l’autonomisation et la responsabilisation des jeunes, passe par ces rencontres de proximité que j’ai d’ailleurs initiées dès ma prise de fonction en privilégiant la sensibilisation et la conscientisation. On ne peut pas pour les besoins d’un parti privilégier le mercantilisme ou le simple enrôlement militant. Je pense que la première approche doit être d’abord de responsabiliser les jeunes, leur expliquer ce qu’est un engagement en politique, de manière à ce que après avoir compris les différences entre la nouvelle donne issue des réformes du dernier congrès du PDG et les logiques empiriques d’antan, ils soient capables et de leur propre chef d’adhérer à la vision du Parti Démocratique Gabonais, qui est la vision du Président du Parti et en même temps celle du Président de la République.

J’ai longuement discuté avec les jeunes qui m’ont posé un certain nombre de problèmes, qui ont apprécié la démarche et qui sont prêts à s’investir. C’est une approche qui est encourageante et qu’il faut poursuivre à travers le reste du pays, non pas seulement à Libreville.

Infos Gabon : Nous savons que certains gabonais sont de moins en moins en chœur avec le PDG, mais vous en tant que Délégué National des jeunes du PDG, comment sortir de ce bourbier ?

Vivien Pea : Le problème du Parti jusqu’à une certaine époque a toujours été celui des hommes, parce que le Parti Démocratique Gabonais est en lui même une entité morale qui ne doit souffrir en principe d’aucunes critiques. C’est la gestion par les hommes qui a fait en sorte que le label PDG soit entaché de tous les maux qui lui sont reprochés aujourd’hui. Mais j’ai l’intime conviction que grâce aux nouvelles méthodes que nous instaurerons et aux réformes issues de ce dernier Congrès de notre formation politiques, nous réussirons à repartir sur de nouvelles bases et faire la démonstration que le PDG d’hier n’est pas le même qu’aujourd’hui et que nous avons résolument une nouvelle méthode de travail, une nouvelle façon de militer que nous comptons inculquer à nos militants et à ceux qui souhaiteraient intégrer le PDG.

Infos Gabon : Le PDG a quand même plus de quarante ans et un passif assez lourd ?

Vivien Pea : Le Parti Communiste Chinois (PCC) et pourtant existe depuis 1921, pourquoi donc le Parti Démocratique Gabonais qui n’a qu’une quarantaine d’années devrait-il avoir plus de scrupule que les autres, alors que comparativement à d’autres, il est jeune? (rire). J’en veux pour exemple le Parti Démocrate américain, le Parti Républicain, le Parti socialiste français, vous avez le mouvement gaulliste devenu le RPR puis l’UMP. Le PDG a gardé son ossature morale actuelle, mais au fil des Congrès a entamé un processus de transformation et de métamorphose que l’on observe progressivement, c’est que forcément c’est un parti qui a beaucoup d’avenir, malgré l’ancienneté de son nom.

Maintenant c’est au niveau des générations que l’évolution du Parti s’opérera. En ce qui nous concerne nous les jeunes, notre tendance a opté pour des modalités d’action privilégiant la lisibilité des valeurs défendues et des actions engagées, fuyant volontiers les logiques d’alliance qui animent à nos yeux la vie des partis politiques, l’efficacité du travail entrepris, doutant de l’intérêt des discussions sans fin sans pour autant rejeter l’idée de débattre, et la visibilité des projets réalisés, permettant un ancrage des jeunes à la participation dans la réalité quotidienne et en mettant la main dans le cambouis. Il y a eu une époque, et aujourd’hui nous vivons la nôtre aux côtés de nos devanciers.

Maintenant c’est à vous en tant qu’organe de presse, d’observer les différences qui s’opèrent entre ce qui se faisait avant et maintenant. Un exemple simple, c’est au niveau de la désignation des candidats aux élections législatives et locales pour le compte du Parti Démocratique Gabonais. Avant, il n’existait pas de primaire, tout se faisait par cooptation. Je crois que le fait qu’il y ait désormais des primaires démontre un réel changement au sein du PDG et que désormais les militants eux même sont impliqués dans le choix de leurs représentants dans les instances électives. Je vous fais une confidence, parmi les réformes en cours au sein de l’UJPDG, nous comptons instituer la désignation de nos délégués UJPDG des fédérations, ou des départements qui se fera désormais par élection des jeunes militants. Nous n’allons plus laisser la désignation des fédéraux non plus par cooptation, mais par un collège électoral constitué par les jeunes militants eux mêmes. Une manière pour nous de vous prouver que le Parti évolue dans ses mentalités, dans ses habitudes, et ces changements feront en sorte que le PDG soit hissé au même rang que les grands partis modernes qui ont fait l’histoire dans d’autres démocraties à travers le monde.

Infos Gabon : Est-ce que cela veut dire que vous reconnaissez qu’au Parti Démocratique gabonais, il y a un véritable problème d’hommes ?

Vivien Pea : Je pense avoir répondu à la question plus haut et encore une fois c’est la gestion par les hommes qui marque la différence. Alors, je le dis encore, cela dépend de la façon dont les personnes gèrent l’entité. Nous avons des règles et des statuts qui ne souffrent d’aucune contestation. Mais à partir du moment où les règles sont établies, nous avons le devoir de les respecter et de les appliquer. Si un responsable se détourne de ces règles en imposant ses propres lois au détriment des règles communes, vous comprenez qu’on est en déphasage avec l’idéologie et la vision du Parti, ainsi que les objectifs définis puis approuvés par l’ensemble des militants. Ainsi, à partir du moment où il y a un ou deux qui commencent à se détourner de la voie tracée par la majorité, on ne peut que crier sur le parti. Heureusement que désormais, avec les réformes du dernier Congrès, tous les militants qui se détourneront du contrat d’objectifs que nous nous sommes fixés, seront exclus. C’est d’ailleurs ce qui nous a amené à créer une commission permanente de discipline, avec pour rôle d’assurer le contrôle et faire le gendarme sur l’ensemble des organes du parti de manière à ce que, quiconque osera se détourner des dispositions réglementaires et statutaires du Parti sera sanctionné.

Infos Gabon : Vous, à la tête de l’UJPDG, vous êtes décidé à reconstruire le pont qui a été cassé entre le Chef de l’Etat et la jeunesse gabonaise, avec quel plan d’action ?

Vivien Pea : Je pense que tout dépend de l’approche. Je ne peux pas vous dévoiler l’ensemble de notre plan d’action, mais nous avons préparé ce qu’on appelle le Plan d’Actions Stratégiques de l’UJPDG, en abrégé ‘PAS’ qui sera rendu public très bientôt et qui vous permettra de voir quelles sont les orientations, ainsi que les différentes phases des actions que nous allons mener sur le terrain, notamment sur l’ensemble du territoire national pour la mobilisation de nos jeunes compatriotes.

Mais de manière générale, la jeunesse gabonaise est aujourd’hui désireuse d’un bel avenir et de perspectives plus ouvertes, plus envisageables. Dans ce cadre, l’action du Délégué National que je suis, conformément au projet de société du chef de l’État, vise à générer une dynamique multi-sectorielle au profit des jeunes. Parmi les priorités de mon action figurent l’éducation des jeunes et notamment ceux des cycles secondaires et universitaires. J’estime que les conditions d’études décentes sont un gage de développement et de production de l’intelligentsia. Il s’agit d’un aspect que nous ne pouvons pas négliger.

Nous devons également exhorter les jeunes à d’avantage d’engagement en leur offrant des perspectives d’intégration en politique. Dans cette optique, la promotion en politique des jeunes et des femmes est un gage d’équilibre et de modernisation de la vie politique gabonaise. La condition de certains jeunes et de leur famille, nous emmène également à placer les actions humanitaires et sociales, au cœur de nos activités, pour exprimer le refus de la misère que nous devons combattre sans relâche.

Pour l’instant nous avons d’abord privilégié des rencontres de proximité avec les jeunes dans les quartiers de la capitale, avant de l’étendre sur l’ensemble du territoire national. Nous envisageons également de rencontrer les étudiants, les élèves, les coopératives, les jeunes leaders, afin qu’en prenant le temps d’échanger nous puissions mettre en œuvre le Plan Stratégique de la Jeunesse qui permettra à toutes ces couches sociales de la jeunesse gabonaise d’établir un lien permanent.

Je crois que l’une des raisons pour lesquelles la crise de confiance a existé c’est peut être parce que les jeunes ont été souvent trop utilisés mais pas assez responsabilisés. Ces jeunes ont des capacités, peuvent aussi jouer un rôle dans le dispositif décisionnel, mais malheureusement, sont mis sur le devant de la scène comme des instruments électoraux et pas comme de véritables acteurs ou partenaires de la décision. Désormais cela va changer.

C’est le cas pour la crise universitaire. Le Gouvernement, par le canal du Ministre en charge de l’Enseignement supérieur, Monsieur Séraphin Moundounga, a déjà fait un travail extraordinaire. Pour preuve il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que malgré les pesanteurs existantes à ce jour, l’université Omar Bongo avant 2009 n’est pas la même qu’aujourd’hui. Il y a beaucoup de choses qui ont changé. Des salles de classes climatisées ont été construites, le restaurant universitaire qui a rouvert avec de nouveaux mécanismes. Evidemment que beaucoup reste à faire, il y a encore quelques blocages qui peuvent se résoudre progressivement, des infrastructures à réhabiliter ou à construire. Cependant, soyons indulgents, puisque tout ne peut pas se faire en un claquement de doigt, c’est pourquoi il faut inviter les étudiants à la responsabilité, afin qu’ensemble nous mettions en place un dispositif qui englobe à la fois les étudiants, les enseignants, les autorités, nous et les parents pour que tous soyons sur la même longueur d’ondes, que nous définitions ensemble une feuille de route et ne plus assister à ces mouvements de grève à répétition qui continue d’obérer l’image de notre système universitaire. Cela fera l’objet d’une discussion que nous aurons avec les étudiants dans l’optique de mettre en place ce que j’ai appelé le Plan d’Urgence pour l’Université Gabonaise.

Infos Gabon : Quelles sont vos attentes une fois le Plan d’actions stratégiques mis en place, et quelles mesures allez-vous prendre pour atteindre ces objectifs ?

Vivien Pea : Vous savez, nous sommes une structure politique mais pas l’exécutif, et la différence est importante à ce niveau. Nous sommes là pour décliner la vision et faire des propositions, et mais les missions régaliennes sont d’abord celles du Gouvernement. En tant que Parti, nous sommes là pour impulser et orienter le Gouvernement, lequel prend le relais à notre suite. C’est comme ça que cela se passe. A notre niveau, nous allons faire un travail sur le plan politique avec les jeunes, nous allons émettre des idées, et faire des propositions au Gouvernement qui est le pouvoir exécutif avec comme clé de voûte, le Chef de l’Etat.

Vous imaginez, on va dans un quartier comme je l’ai fait, il y a par exemple un problème de canalisation d’eau, ce n’est pas à l’UJPDG d’arranger les canalisations, mais plutôt en tant que Parti politique d’interpeller les autorités et leur dire « attention dans tel quartier il y a tel problème », à charge pour le Gouvernement de prendre le relais. Ainsi, à partir de ce moment là nous faisons un travail de fond, de prévention ensuite le Gouvernement vient juste pour affiner et jouer également son rôle. Parler des attentes ou dire que nous allons créer des emplois n’est pas de notre ressort.

Infos Gabon : Pensez-vous que les nouvelles autorités vous suivront ?

Vivien Pea : C’est une évidence puisque le Gouvernement tire en partie sa légitimité du Parti. Donc (…) la question ne se pose même pas. Cela va de soi, puisque nous sommes tous des émanations es qualité du Président de la République, Ali BONGO ONDIMBA pour ce qui est du Gouvernement, et Président du Parti Démocratique Gabonais en ce qui nous concerne. Forcément, nous sommes sur la même longueur d’ondes, les discussions se font au niveau du Parti et les résolutions que nous adoptons en interne lient naturellement l’exécutif.

Infos Gabon : Nous préparons les élections locales, étant entendu que le Chef de l’Etat veut consacrer 30% des suffrages locaux aux jeunes, comment allez-vous procéder pour atteindre ce quota ?

Vivien Pea : Je crois que l’enrôlement des électeurs va débuter la semaine prochaine, et à ce propos nous avons un séminaire d’immersion sur les questions traitant de la Biométrie et la Décentralisation, ce qui nous permettra de nous imprégner réellement de tous ses aspects parce que la grande nouveauté des prochaines élections, c’est l’introduction de la biométrie dans le processus électoral. Ensuite, il y a la question de la représentativité des jeunes et des femmes, notamment la règle des 1/3 qui consacre 30%, des jeunes et 30% des femmes sur les listes de candidatures aux élections locales. Récemment d’ailleurs j’ai pris part à une réunion qui s’est tenue dans ce sens au ministère de la famille, et à l’issue de laquelle une commission a été mise en place pour réfléchir à sa mise en œuvre.

Le Président de la République a instruit le Gouvernement et le Parlement, à présent il faut mener une réflexion de manière à ce que l’on passe aux actes. Parce qu’aux yeux de la loi, il faut discuter de sa faisabilité au Parlement, il faut sensibiliser les jeunes et les femmes, mais la question la plus importante est celle de savoir comment y procéder. Sommes-nous réellement préparés ? Il faut interpeller l’opinion, préparer les femmes et les jeunes à cette transformation car nous devons êtres responsables et capables d’assumer.

Infos Gabon : Votre mot de fin

Vivien Pea : Je voudrai simplement dire que nous avons beaucoup de défis à relever. Le Président de la République nous a tendu la main, nous a prouvé à plusieurs reprises qu’il comptait sur nous et que nous étions des partenaires. En 2009, lorsqu’il s’est adressé au peuple gabonais, il avait souscrit un certain nombre d’engagement parmi lesquels, l’organisation d’un forum national de la jeunesse fondé sur un Contrat de Partenariat pour une Jeunesse Responsable. Ce forum a eu lieu, à l’issue duquel, nous avons adopté une Politique Nationale de la Jeunesse. Pour la mettre en œuvre, le Chef de l’Etat a besoin que tous les jeunes soient impliqués. Aussi bien, les jeunes politiques, les jeunes entrepreneurs, les jeunes écoliers, les jeunes étudiants, les jeunes chômeurs, pour fédérer dans l’optique de s’approprier les armes qui feront de nous des acteurs incontournables de la société gabonaise. Je voudrais dire aux jeunes, qu’il est important de se réapproprier le sens de la responsabilité parce que c’est en étant responsable que nos aînés nous feront confiance et nous offrirons les possibilités qui nous feront mentir les préjugés.

FIN/INFOSGABON/PK/2013

 


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